Santé mentale et travail : je t’aime moi non plus

Alexandre Beaussier
Humans Matter
Published in
4 min readJul 15, 2021

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La situation sanitaire que nous connaissons aura entraîné des modifications importantes des relations sociales aussi bien dans la vie personnelle que professionnelle. Pour certains individus, le repli social contraint est bien vécu mais pour d’autres, il engendre des troubles psychologiques plus ou moins importants qui peuvent aller d’une légère anxiété à une dépression profonde, lesquels génèrent à leur tour des comportements inquiétants. Se préoccupant du facteur humain et de la santé de leurs collaborateurs, de plus en plus d’entreprises s’engagent pour évaluer les facteurs de risque de ces troubles afin d’apporter un soutien adéquat à leurs collaborateurs en termes de prévention et d’accompagnement.

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Le sujet est complexe, opaque et peu connu, et pourtant sans une maîtrise de notre santé mentale, il est difficile d’envisager une quelconque transition effective de nos comportements ! Quelques éclairages s’imposent, Humans Matter a donc mené l’enquête.

Ce qui nous dispose à une bonne santé mentale

Les troubles psychiques induits par l’absence ou la réduction de la vie sociale sont plus ou moins élevés en fonction d’un certain nombre de dispositions vis-à-vis d’éléments internes et externes. Ces dispositions peuvent être mesurées afin d’évaluer la présence des facteurs de risque.

Notre disposition à l’ennui : plus on apprend à gérer l’ennui moins on risque de développer certaines pathologies. Fondamentalement, l’ennui exprime l’épreuve du temps qui n’en finit pas ainsi que l’expérience douloureuse du vide. Mikulas et Vodanovich (1993) le définissent comme un état d’excitation ou d’éveil relativement bas, imputable à une situation perçue comme étant insuffisamment stimulante. Cet état peut engendrer la dépression (Digo, 1971).

Notre disposition à l’internalité : le LOC (Locus of control ou lieu de contrôle) concerne la façon dont les individus mettent en relation leurs actes et comportements avec les événements qui les affectent. Un LOC est dit “interne” lorsqu’un individu considère que ce qu’il vit est le résultat de ces actions. À l’inverse, un LOC est dit “externe” lorsqu’un individu considère que ce qu’il vit est déterminé par des facteurs hors de son contrôle ou de son influence (la chance, le hasard, l’État, l’institution, …).

La mise en relation effectuée par LOC vient renforcer de façon positive ou négative les comportements des individus.

Notre perception de notre environnement : le SOC (Antonovsky, 1987, 1993) ou sens de la cohérence (Sense Of Coherence) est défini comme la façon générale dont une personne perçoit son environnement comme étant compréhensible, maîtrisable, et significatif par rapport à son propre système de valeurs. Le SOC est apparu comme un facteur d’explication de pourquoi certains êtres humains restent-ils en bonne santé malgré des conditions défavorables ou des événements critiques dans leur vie.

Le SOC est considéré comme une ressource personnelle (Moos & Schaefer, 1993) qui façonne les réactions de l’individu face aux événements stressants et qui, lorsqu’il est élevé, se manifeste par un sentiment permanent de confiance. Un SOC élevé facilite des réactions efficaces face aux événements de vie stressants et agit (via les stratégies de coping) comme un tampon en diminuant l’effet négatif de ces événements sur le bien-être psychologique.

Ce qui doit retenir notre attention dans le cadre du travail

Au-delà des facteurs de disposition qui nous sont propres, le travail lui-même, son organisation, sa valorisation et la façon dont les sujets liés à la santé mentale y sont abordés sont déterminants. Dans une démarche d’amélioration du bien-être des individus et des organisations, nous souhaitons ainsi diriger les attentions des entreprises vers le “prendre soin” de la santé mentale de chacun. Notre objectif est d’organiser l’écosystème de la santé au travail, pour en faire un écosystème global, efficace et attentif.

Plutôt que de ne s’en remettre qu’à nos intuitions et nos multiples expériences d’accompagnement d’individus et de collectifs au sein des organisations, nous avons plutôt choisi de donner librement la parole à l’ensemble des parties prenantes, membres de ce réseau de soin, de l’employé à l’aidant, jusqu’aux entreprises et aux médecins, de s’exprimer librement et anonymement afin de faire émerger ce qui compte vraiment. Nous présenterons les premiers résultats de cette enquête inédite lors des Universités d’Été du Facteur Humain.

Contacts : Stéphanie de Chalvron, Olga Neklyudova, Clément Delvigne, Alexandre Beaussier

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